Lundi 19 décembre 2011 - Un réveil brutal.

Publié le par Sorg le Gros

Cette soirée est comme toutes les autres sauf que maintenant je ne mange plus le soir, je bois, je bois beaucoup, je bois trop... La bouteille est pourtant neuve d'il y a deux heures mais elle affiche déjà un pessimiste : "Bouteille à moitier vide". En réalité 75% est déjà dans mon estomac. Le dernier jean taille 46 qui me restait s'avère trop petit pour abriter le ventre proéminent qui sourde de mon corps diforme. J'ai la tête embrumée des vapeurs de cette alcool de pomme de terre tout juste agrémenté d'un nuage de boisson énergisante. Cela aussi a changé. Quand j'ai recommencé à boire, le verre se présentait sous une forme assez soft d'un 75% de jus pour 25% d'alcool. Maintenant il affiche un sinistre dosage digne d'un ancien président Russe. 95% d'alcool pour quelques goutes de jus de n'importe quoi...

Je titube dans mon grand appartement vide lorsque qu'au détour d'une porte je m'aperçois dans le miroir de la chambre. D'emblée les paroles d'une chanson me viennent en tête : "Mes yeux puent l'alcool" et me surprend à fredonner cette chanson de Daniel BALAVOINE. Sauf que je ne m'appelle pas Henri. Je m'appelle Fabien. Et partout dans la rue j'veux qu'on parle de moi, que les filles soient nues, qu'elles se jettent sur moi. Qu'elles m'admirent, qu'elle me tuent, qu'elle s'arrachent ma vertu.

Ouais, ben c'est pas comme çà que ca va marcher, espèce de bourelle... Non mais franchement... Regardes toi. Tu sens cette résistance au niveau du ventre ? Ton bide dépasse du jean le plus large qu'il te reste. Tu sais que si tu fouillais un peu, tu pourrais retrouver tes anciens vêtements. Les pantalons taille 48, 50. Les chemises taille 45\46 les pulls XXL voire XXXL.

Je reste pantois devant cette charge légère d'Eniah, sans agressivité, sans sa haine habituelle. Je sens qu'il n'est pas seul. L'autre est revenu. Pourtant on s'était débarrassé de lui, mais pas d'une manière assez brutale. Le voila qui revient.

Comment ca tu t'appelles Fabien ? Non, toi c'est Sorg. NOUS sommes Fabien et c'est bien la première fois que ce nom est cité. Qui es-tu pour parler en notre nom à tous ? Regardes ce que Fabien est devenu par ta faute !
Je me dirige vers la penderie et en sort les derniers vêtements achetés de 2010. Un jean coupe ajustée en 42, une magnifique chemise 39\40 et la superbe veste cerruti couleur sable. La tenu du "Dieu", en référence à un collègue homo qui m'avait fait ce compliment le jour ou je portais cette tenu.

Je vois se dresser sur le lit une image qui me semble lointaine. je défais mon pantalon et soulage cette bedaine écrasée. J'ai honte. Je me déshabille totalement et commence par enfiler le jean. Un pied puis l'autre et je remonte le tout jusqu'a mi-cuisse, là ca ne veut pas allé plus haut. Tout en restant ainsi défroqué je mets la chemise. Mon bras droit ne passe pas, la manche reste bloquée au niveau du biceps. Enfin je tente la veste et le bras gauche se retrouve dans la même situation que celui du droit. Je me dirige ainsi vêtu vers le miroir que j'avais quitté quelques instant plus tôt.
L'image est grotesque. Celle d'un gros porc qui arbore des ailes de papillons. Telle une improbable chimère, je suis resté jusqu'a la fin de la soirée à me contempler... dans une atmosphère de honte.

... dans une atmosphère d'abatement.

... dans une atmosphère de colère.

Publié dans Journal du Gros

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